Une réunion MCC du groupe 8, fin février 2008
"Elections, sur quoi fondons-nous choix ?"
"Nous avons la chance de vivre en démocratie dans un état de droit. Voter est une liberté que bien des hommes n'ont pas. Chacun d'entre nous bénéficie d'une égale dignité et d'une égale souveraineté. L'enjeu de la politique ne se réduit pas à donner des solutions à des problèmes immédiats, mais, tout en les prenant en compte il est de proposer un projet de société. Aussi, dans la liberté légitime de diverses options, notre vote doit-il être précédé d'une réflexion et de débats qui nous permettent de définir le monde que nous voulons et d'en préciser les contours pour les années à venir. "
Mgr Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen,
In Document Episcopat n°11/2006,
"Perspectives pour une société juste et fraternelle", avant propos.
A partir des questions préparées sur le sujet et des échanges qui se sont déroulés, on peut dégager les points suivants, évoqués par les uns et les autres.
La politique : une histoire de vie, une histoire de famille
(parents ou grands parents), qui nous guide mais nous conditionne sans doute aussi, fragmentée en trois périodes.
La période de la jeunesse où l'on "observe", réagit, c'est :
- une prise de conscience du poids de la tradition, de l'influence d'une forme de politique traditionnelle de la famille,
- un regard sur l'engagement des parents dans la vie démocratique,
- un sujet tabou en famille : pas de discussion, pas de transparence, pas de lisibilité, pas ou peu d'interrogation possible sur ces sujets et sur leur intérêt,
- un intérêt précoce par rapport à la politique en réaction aux prises de position estimées injustes, infondées des parents, de la famille et la volonté délibérée de se placer "à côté" et non avec.
- l'évolution conditionnée par un environnement différent, celui du monde étudiant, des nouveaux amis, d'un type d'études choisies, des rencontres,
- les interrogations provoquées par des prises de position d'étudiants ou d'autres personnes sur des sujets d'actualité, lors de manifestations, d'AG d'étudiants,
- la confrontation, l'écoute de l'autre,
- une conviction de l'importance de voter, d'exprimer sa voie au regard de tant de pays où les gens ne peuvent pas voter, où le vote n'est pas démocratique, où le droit de vote n'existe pas,
- la découverte que politique et foi chrétienne sont en divorce absolu. D'un côté une forme de clientélisme, de l'autre côté des discours opposés.
La période de l'âge adulte où l'on prend conscience des enjeux et de ce qui nous est cher, c'est :
- la prise de conscience par l'activité professionnelle, les rencontres de plus anciens (ayant vécu 68) ou de personnes engagées qui viennent ré-interroger notre propre investissement et notre manière de participer "au politique",
- la raison, la mesure des enjeux selon le type d'élections, une sensibilité différente, l'intérêt porté à ce que disent les partis,
- l'interrogation sur engagement et appartenance à un ministère, une fonction, un sacerdoce qui d'un côté affiche un engagement et d'un autre côté exige une réserve,
- la conviction que le pouvoir change les individus,
- la connaissance de la politique, du droit, du système législatif : sa construction, le fonctionnement de la société, pour comprendre l'intérêt d'agir dans la société, de donner un avis,
- le questionnement de soi-même : au nom de quoi fait-on un choix ?
- la réflexion sur ce qui est important à nos yeux dans le vote en politique,
- la volonté que la proposition politique qui est faite porte un projet qui tienne compte de son frère, de l'autre, de la place qui lui est faite, qui permette de se réaliser, soi et les autres,
La politique : le souvenir d'une situation politique vécue comme intolérable
- le 2ème tour des élections présidentielles en avril 2002
- le référendum à propos de l'Europe
A ce moment là, les expressions se sont "libérées", déliées pour une volonté commune "de sauver la France" et non pour un choix politique. Ces situations ont permis aux uns et aux autres de s'exprimer un peu plus librement, de s'interroger, se repositionner par rapport à la politique.
La politique et la religion
Comment composer ?
Les situations sont différentes selon les pays. Mais globalement l'Eglise a une parole.
Pour Paul VI "L'église est experte en humanité". Même si la politique touche la vie sociale, le vivre ensemble, l'Eglise a cependant son mot à dire.
Comment les concilier ?
Il s'agit de distinguer entre le court terme et le long terme, d'évaluer ce qui est important, ce qui est un grand projet, bénéfique pour l'homme quant à des sujets relatifs moindres, d'actualité que sont par exemple le PACS, l'euthanasie, l'avortement…
Le discours politique revient à prendre en compte le "ici et maintenant", à replacer les choses dans les faits de société actuels.
Il ne doit toutefois pas empêcher la vision d'avenir à plus long terme dans des dimensions plus larges et plus humaines.
L'Eglise a été très imbriquée jusqu'au début du 20è siècle.
Conclusion
Voter, c'est :
- s'engager en tant que chrétien peut être même plus en politique qu'en paroisse si le choix se pose
- faire la part des choses entre "moi", "nous" et le monde
- s'exprimer pour tous ceux et celles qui ne peuvent pas voter (étrangers, sans abri…).
Partage d'écriture
Lecture de la lettre de Saint Paul – Epître aux Galates 3, 26-29.
L'être humain n'est pas déterminé par son origine mais par son appartenance au Christ.